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Vignette Interview de Cyril Guy : J'en suis à plus de 300 missions drone

Interview de Cyril Guy : « J’en suis à plus de 300 missions drone »

Un drone qui fait des métrés sans avoir à monter sur les toits, ça fait rêver. Mais comment ça se passe quand on l’utilise au quotidien? Comment l’intégrer au modèle de fonctionnement de son entreprise?
Pour en savoir plus, Web2vi a interrogé un inconditionnel du drone, le chef d’entreprise Cyril Guy, qui en est déjà à plus de 300 missions drone à Bergerac et ses alentours.
Son entreprise « Guy Couverture » tournée vers le numérique et les nouvelles technologies commence tout juste à pouvoir parler de l’effet « drone » sur ses résultats. 

Web2vi : Pouvez-vous nous présenter votre entreprise “Guy Couverture”?

Cyril Guy : L’entreprise a été créée en 1961, au départ elle avait vocation en gros œuvre. En 1980 mon père a ajouté la charpente couverture à l’activité. Mon frère est arrivé en 1999 et moi en 2000 dans l’entreprise. Nous l’avons reprise, en 2014 nous l’avons restructurée et aujourd’hui nous avons séparé les entités puisque tout devient plus technique, tout devient plus compliqué.
Nous avons fait un  plan de restructuration, nous avons décidé de se réadapter au nouveau monde. Mon frère a conservé la partie gros œuvre avec 28 collaborateurs. Et moi je suis venu à Bergerac avec la partie charpente couverture. Aujourd’hui nous sommes 11 collaborateurs.  Enfin… collaborateurs et collaboratrices car nous avons une secrétaire et une zingueuse et ça marche très bien!

Pourquoi avoir repris la charpente / couverture, C’est votre formation de départ?

Pas du tout ! Moi je suis un accident de la famille. Mon père et mes oncles sont des maçons, des charpentiers, des couvreurs. Mon frère a fait l’école d’Egletons, c’est un des meilleurs techniciens que je connaisse.

Et moi je suis le coquin de la famille, l’animateur. J’ai fait une école de commerce, gestion administration des entreprises. Et quand je faisais le pitre à l’école et que j’avais du mal à rester en place mon père pour me punir m’envoyait sur les toits. Et en fait j’adorais ça ! Je me disais “Mais qu’est-ce que je fous à l’école c’est quand même trop génial comme métier!”.
En 2000 mon père avait commencé à parler de retraite, mon frère était prêt mais il s’est dit “il faut gérer, administrer, commercialiser ce n’est pas notre métier. Qui pourrait nous faire ça ?” Ils sont venus me proposer le challenge. Moi sécurisé par le fait d’avoir des techniciens autour de moi, j’ai accepté.

Image itw Cyril Guy 2

Comment vous positionnez-vous par rapport aux nouvelles technologies?

Je suis ce qu’on appelle un peu un « geek ». Mes enfants se moquent de moi. J’aime bien les tablettes, le téléphone, je trouve que ce sont des supers outils quand on les utilise avec modération.


Et dans votre métier ça se manifeste comment? À quel moment avez-vous entendu parler de la solution drone?

Voici la situation de ma PME : nous sommes 13 salariés, et ultra spécialisés dans la rénovation. Refaire les choses, garder un certain patrimoine ça me plait. J’avais une personne au bureau d’étude qui travaillait avec moi, nous faisions plans et relevés à l’ancienne. Nous nous sommes équipés rapidement d’un logiciel de dessin. Et puis nous avons poussé la réflexion, on savait que le drone existait, qu’il y avait des solutions d’imageries par drone il y a déjà 5/6 ans mais à des coûts qui n’étaient absolument pas abordables. C’était de l’ordre du fantasme. Je me disais « Ah ça j’aimerais bien un jour, ça doit pouvoir être sympa. »

Notre collaborateur au bureau d’étude pour des raisons familiales a quitté la région donc je me suis retrouvé face à une décision. Recruter et re-former quelqu’un à la partie métré dessin. C’était compliqué. Et au même moment lors d’un relevé sur un toit je suis tombé, je suis passé au travers. J’ai une bonne étoile car j’ai fini avec seulement 5 points de suture. Mais bon je me suis dit qu’il fallait quand même trouver d’autres solutions.
J’ai commencé à réfléchir avec l’imagerie satellite en me demandant si avec Google Earth on ne peut pas voir mieux, voir plus près, compter nos tuiles etc. Et à force de chercher s’est re-présentée la solution drone avec la société Terreal qui est notre fournisseur principal. Ils savaient que j’aimais ce genre d’innovations et que je cherchais à les développer. Ils m’ont parlé de Web2vi et du système qui avait été mis en place avec Parrot et Pix4D.

Je ne vous cache pas que quand j’ai parlé de ça en interne, mes collaborateurs ont dit “Ah ça y est il a encore craqué. Encore un jouet du chef après son nouvel Iphone et sa nouvelle tablette. » Mais avec mon conducteur de travaux nous sommes allés à une démonstration. Dans la voiture au retour il m’a avoué “Ça a l’air quand même pas mal”.
J’ai écouté mon instinct et j’ai vu le rapport investissement / service rendu donc je me suis dit qu’il fallait l’essayer. Nous avons commencé en avril 2018, aujourd’hui nous sommes à plus de 300 missions et 26 heures de vol. Maintenant je ne sors plus sans mon drone.

Vous l’utilisez avec tous vos clients donc?

Oui c’est quasi systématique. Nous avons deux drones en interne chacun le sien, un Bebop et un Anafi. Alors il y a l’image, la maquette PIX4D que l’on peut paramétrer etc, tout ça c’est formidable mais en plus nous avons découvert quelque chose que nous n’avions pas imaginé, c’est le changement dans la relation client.


Justement, est-ce que vous vous servez du drone comme argument de vente? Est-ce que vos retours clients sont différents depuis l’utilisation du drone? 

Ce n’est pas vraiment un argument de vente, c’est un élément qui permet au client de prendre sa décision par lui-même. Je m’explique : quand je vais voir M. et Mme Untel qui me disent « Je crois que j’ai une fuite sur mon toit, il y a un problème dans le chaîneau », je leur dis “Écoutez on va aller voir”. Le client rigole en me disant “Non non moi je ne vous suis pas!”. Je leur dis “Mais si si vous allez voir”. Donc on présente le drone au client, on se met en situation et sur la tablette le client visualise avec vous le souci. Vous ne lui dites plus ce qui se passe, il le constate lui-même, il le voit. 
Quand on suit les phases de la vente, la découverte du besoin et l’argumentaire c’est le drone qui le fait. Vous n’avez plus qu’à faire la proposition et la faire valider.

La réactions des clients est donc globalement toujours positive?

Je me suis quand même confronté à des réactions de clients qui quand je leur dis que je vais faire le métré avec le drone disent “Oh la la ça va coûter tellement cher, c’est nous qui allons le payer.” Il y a donc ce phénomène là. Il faut un peu de pédagogie, expliquer au client que le drone coûte moins cher que l’Iphone qu’il a dans sa poche, que ça sécurise etc. 
Mais à 80% la réaction du client est plutôt “Ah tiens mon couvreur qui est un artisan d’autrefois, utilise des outils d’aujourd’hui”.

Il y a un autre avantage avec le drone, c’est en terme de communication. Moi je circule avec un véhicule que j’ai fait décorer aux couleurs de l’entreprise avec le logo, donc je peux vous dire qu’à 8 km on me voit arriver. Nous avons pas mal communiqué sur le drone et aujourd’hui j’arrive chez des clients qui me disent “C’est vous qui avez le drone?! Vous allez le faire avec le drone?” 
Vous avez des clients qui vous envoient chez leurs collègues ou leurs copains en disant “Tu devrais le faire venir, tu vas voir comment il bosse c’est vachement drôle, c’est vachement moderne.” Ça nous a aussi créé un lien de bouche à oreille.

Est-ce que le drone est un élément de différenciation? Vous n’êtes pas encore très nombreux à en posséder un?

Nous sommes quand même quatre dans le département. D’ailleurs ça, ça va pas du tout ! il faut que j’en parle à votre chef (Rires ndlr). 

Image itw Cyril Guy 1

Qu’est-ce que le drone apporte au niveau de la sécurité?

On reste au sol donc le gain en sécurité est énorme. On ne monte plus sur le toit. Moi j’ai la mauvaise habitude de continuer à grimper dans les greniers et de temps en temps à soulever une tuile ou deux pour voir l’état du support mais ça c’est par déformation professionnelle. Mais sinon oui on prend beaucoup moins de risques. C’est madame qui est ravie de savoir que je ne monte plus sur les toitures !

Qu’en est-il de la précision technique de la maquette 3D?

Avec l’habitude j’arrive à positionner l’outil pour pouvoir compter mes tuiles et on se rend compte que la précision est là. Après c’est toujours pareil, quand vous faites la mesure sur votre maquette si vous ne vérifiez pas que vos points sont parfaitement au bon endroit, la mesure n’est pas bonne. Il faut être méticuleux.
En terme de fiabilité elle est équivalente au fait de grimper en haut d’une échelle. 
Pour avoir réalisé des chantiers de mesures uniquement avec le drone et PIX4D quand vous faites la commande de tuiles chez le fournisseur, il n’en reste pas plus qu’avant et il n’en manque pas non plus. Donc la précision c’est bon.

Pouvez-vous parler d’un avant et après avec des améliorations depuis l’utilisation du drone? 

Mécaniquement oui mais c’est un peu trop tôt pour l’attribuer au drone. Je m’explique : dans le métier on fonctionne selon un principe assez basique : vous ne signez que les devis que vous faites.
Le commerce c’est de l’arithmétique. Comme on sait qu’on signe entre 28 et 32% de nos devis, si vous faites 10 devis vous avez 3 chantiers, si vous faites 20 devis vous avez 6 chantiers etc.
Là où le drone intervient c’est que l’année dernière, avec une personne au bureau d’étude le nombre de devis allait chez nous entre 20 et 28 devis par mois. Aujourd’hui avec plus personne au bureau d’étude je fais entre 35 et 45 devis par mois. Donc est-ce que le drone va augmenter mon chiffre d’affaires la réponse est oui! Mais ce n’est pas le drone qui commercialise, le drone est un savoir-faire, à nous de le faire savoir. C’est dans ce sens que ça marche.

Sauriez-vous estimer le gain de temps sur le métré entre avant et après votre utilisation du drone?

Si c’est un petit pavillon, vous gagnez 20 min, si c’est un gros bâtiment complexe en ville, vous pouvez gagner une demie journée de relevé, voire une journée entière.
J’ai eu le cas il n’y a pas longtemps une toiture en ville qui fait 300 m2, sans d’accès, pas de recul ni rien. Un toit comme ça avant on essayait de trouver un Velux, on sort, on y va avec une nacelle. Pour faire un relevé comme ça j’en avais pour entre 5 et 6 heures. Là je me suis mis dans la cour d’à côté, je me suis installé confortablement, j’ai juste eu à mettre une petite veste pour ne pas avoir froid (rires). Maintenant on s’habille propre pour aller faire les relevés! Vous planifiez PIX4D et c’est parti. Ça m’arrive de faire 3, 4 relevés dans la journée. Je transfère tout le soir, le lendemain j’ai mes maquettes qui sont prêtes. Je ne saurais plus faire sans.

Est-ce que vous avez des anecdotes particulières lors de missions d’un drone? 

On m’a demandé une fois de droner en centre ville à Périgueux, une toiture qui était invisible, inaccessible. Je ne pouvais pas me baser au niveau de la place du marché parce que ce n’est pas le meilleur endroit pour lancer une mission. Le client me dit qu’il a une petite cour arrière. Elle faisait 2m sur 2, une cheminée! Avec une prétention légendaire je dis qu’il n’y a pas de problème, on va partir de là. Le drone a bien décollé, j’ai réussi à le sortir de la cheminée à merveille et quand j’ai commencé à faire le tour du bâtiment, la connexion entre la commande et le drone s’était bloquée et je l’ai perdu! Il a commencé à descendre descendre descendre et à force de bouger ma manette pour essayer de le faire remonter, la manette s’est reconnectée au drone, il a pris de l’altitude, j’ai réussi à le ramener. Mais je ne le voyais plus, je n’avais plus le retour image. J’ai une vidéo extraordinaire ou on voit le drone descendre, il doit être à 10 cm de la tuile et puis il remonte!

Mais je ne m’en étais pas du tout rendu compte sur le moment, c’est quand je suis rentré au bureau, que j’ai regardé la vidéo. je me suis rendu compte que le moment où je ne savais plus trop où il était, il était en train de se casser la figure !

 Crédit vidéo : Cyril Guy – Guy Couverture

Est-ce que vous auriez un message à faire passer à des personnes réticentes ou qui ne connaitraient pas la solution?

Je voudrais leur dire de ne surtout pas s’équiper pour que je garde l’avantage concurrentiel (Rires) !! Chers collègues, laissez-nous prendre les parts de marché, ne vous équipez pas!!!
Non bientôt on sera tous équipés, demain on ne pourra pas être couvreur sans ça, ce n’est pas possible. L’avance que l’on est en train de prendre sur ceux qui ne sont pas équipés est trop importante.

Merci à M. Guy pour sa participation

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